La jetée
- Année de sortie : 1962
- Durée : 28 min
- Réalisateur : Chris Marker
- Acteurs principaux: Hélène Chatelain, Davos Hanich, Jacques Ledoux
- Pays d’origine: France
De quoi ça parle?
« Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance » et de voyages temporels.
Et alors, t ‘as aimé?
Un Nous Deux qui en jette
Cela fait des années que je vois passer La Jetée dans des tops divers et variés et son réalisateur, Chris Marker, jouit d’une solide réputation, même s’il est surtout connu pour ses documentaires. La Jetée est un incontournable des films de voyage dans le temps et servit de base à l’Armée des 12 singes de Terry Gilliam. Mais voilà, on ne peut pas tout voir, ni tout connaître et La Jetée prenait donc la poussière dans ma liste de la honte, celle où je range en secret tous les grands classiques que je n’ai pas encore vu. J’étais en train de chercher quoi regarder sur Sooner, le nouveau service de SVOD belge quand j’ai vu passer la Jetée dans les films disponibles. Et c’est ainsi que vous vous retrouvez à lire cette critique et moi un peu moins honteux de ma cinéphilie pleine de trous.
Chris Marker réussit un petit tour de force en livrant un film totalement expérimental mais à la narration irréprochable et captivante. Souvent, l’expérimentation prend le pas sur l’histoire et semble être l’unique raison d’exister du film. Marker prend le parti de réaliser un roman-photo en noir et blanc avec une simple narration en voix-off. En effet, le film n’est qu’une succession de photographies. Bon ok, techniquemment, c’est le principe même du cinéma de faire défiler des photos suffisamment rapprochées pour créer l’illusion de mouvement. Mais ici les images de Marker ne défilent pas à une cadence fixe de 24 images par seconde, non elles suivent le rythme de la voix-off et de la bande originale. Loin d’être un simple gimmick, elle donne tout son poids à cette histoire qui repose sur une image qui a marqué le héros dans sa jeunesse.
Tout comme pour la planète des singes réalisé un an plus tard, on sent que la guerre froide et la peur d’une guerre nucléaire est dans tous les esprits. On découvre ainsi un Paris ravagé où les survivants se sont réfugiés dans les souterrains de la ville. Mais cette dystopie n’est que le point de départ d’une histoire bien plus intime dans laquelle le héros, alors qu’il est torturé par les scientifiques de son époque, repartira dans le Paris d’avant la bombe pour construite une histoire d’amour avec la femme de son souvenir de jeunesse. Tout ceci est brillamment conté et n’aurait pu être généré que par le cerveau d’un cinéaste ayant voué sa vie à l’image juste.
A une époque où on a la bouche pleine de haute définition, de 8K, de son Dolby Atmos ou encore de HFR, La Jetée est une incongruité par sa forme chiche en effet, mais tellement percutante. Pour les amateurs de l’Armée des 12 singes ou ou plus généralement de SF, elle est effectivement un incontournable.