Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?
- Année de publication: 1968 pour la version originale (2019 pour l’audiolivre)
- Pages: 249
- Durée du livre audio: 8h 05min
- Auteur: Philip K. Dick
- Traducteur : Sébastien Guillot
- Comédien: Stéphane Ronchewski
- Éditeur: J’ai Lu/ Audible
De quoi ça parle?
Rick Deckard veut s’acheter un mouton.
Et alors, t’as aimé?
L’humanité a peur, l’I.A en pâtit
Pour ceux qui ne le sauraient pas ou qui n’auraient pas vu la « couverture » de l’audiolivre, les androïdes rêvent-ils de moutons électriques est le roman à l’origine du film Blade Runner de Ridley Scott. Sorti en 1982, le film n’a pas rencontré un vrai succès en salle. Mais au fil des années, c’est devenu un incontournable de la SF, mais surtout son univers visuel a marqué de son empreinte l’inconscient collectif. En effet, il semble difficile d’imaginer une terre futuriste qui ne puiserait pas son inspiration dans les visuels de Blade Runner. J’avais lu à droite et à gauche que le roman était assez différent du film à de nombreux points de vue. J’étais donc plutôt curieux de voir ce qu’il en était.
Et effectivement, dès les premières pages, on réalise que les deux univers n’ont rien à voir. La mégalopole surpeuplée, pluvieuse et pleine de néons du film, laisse place à des banlieues désertiques et décrépites. Le charismatique Deckard incarné par Harrison Ford est un fonctionnaire assez lisse, un peu terne. L’ambiance et l’univers sont si différents que tout au cours de ma lecture, je n’étais pas du tout été parasité par les images du film pour visualiser le roman dans ma tête à quelques exceptions prêts.
Au niveau du récit en lui-même, il y a également de grandes divergences que je vous laisserai découvrir. Dick mène vraiment bien son histoire. Il nous introduit de manière très naturelle à cet univers un peu déprimant. En alternant deux intrigues qui finiront par se rejoindre, il nous permet d’aborder différents points de vue qui nous en apprendront plus sur cette société humaine qui n’ose plu affronter la tristesse et la dépression. Et si les humains contrôlent leurs émotions grâce aux drogues, qu’est-ce qui permettrait de les distinguer d’androïdes toujours plus perfectionné ? Car comme dans le film, Deckard aura pour mission d’éliminer des androïdes partis faire l’école buissionière. Et la question centrale sera de réfléchir à ce qui fait de nous des humains. J’ai ainsi beaucoup aimé ce besoin des personnages de s’occuper d‘un animal vivant, devenu une possession de luxe, pour pouvoir éprouver de l’empathie, de l’affection. Le livre est ainsi parsemé d’une multitude de détails et de réflexions pour développer cette thématique centrale. Mais il ne le fait jamais au détriment de son enquête et nous offre quelques beaux moments de bravoure. J’en retiendrai deux. Le premier test de détection qui a été repris presque tel quel dans le film et constitue un échange tendu et efficace entre Deckard et une suspecte. Le second n’a pas été retenu par Scott et c’est bien dommage. La séquence se passe dans un commissariat et Dick tente de nous déstabiliser en nous questionnant sur ce que nous percevons comme la réalité. Une marotte assez cher à l’auteur et qui fonctionne à la perfection ici dans une scène pleine de tension où les révélations s’enchaînent sans qu’on ait bien le temps de les assimiler. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire et à creuser, mais je n’en ai pas le talent et je ne voudrais pas vous déflorer la découverte de ce roman.
Que vous ayez vu ou non le film Blade Runner, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ce livre. Les deux sont vraiment différents et complémentaires. Le roman a été écrit en 1968 et s’il s’est un peu planté dans les dates, les questions qu’il soulève sont toujours plus d’actualité au fur et à mesure de la détérioration de notre environnement et des progrès en intelligence artificielle.
Honte à moi, c’est la première fois que je prends le temps de lire une de tes critiques et tout d’abord je dirai bravo pour ton écriture !
Ensuite la mission est remplie, ça donne bien envie de lire le roman.
Hey merci! Il n’est jamais trop tard pour bien faire. 😉
Et content de t’avoir donné envie, c’est le but!