Mickey 17

De quoi ça parle?
Mickey fait partie d’un vaisseau transportant une communauté partie colonisée une lointaine planète de glace. Mais Mickey a un statut particulier, c’est un remplaçable. Son corps ne lui appartient pas. Et lorsqu’il meurt, il est réimprimé et ses souvenirs réinjectés. Mickey est déjà mort 16 fois, et la 17ème est proche quand des créatures pleine de dents et de tentacules s’apprêtent à le dévorer.
Et alors, t’as aimé?
Je ne suis pas un numéro
Quand le réalisateur de Parasite revient après plus de 5 ans d’absence, forcément, on se rue en salle pour voir son nouveau film. Bon, on se rue en salle, après avoir réussi à trouver un créneau dans lequel s’alignent les horaires du cinéma, les disponibilités de la tata et le calendrier des trois occupants de la maison. Bong Joon Ho avait déjà tenté l’aventure américaine avec Snowpiercer et OkJa, ce n’est donc pas la première fois qu’il se frotte aux studios américains qui ont la fâcheuse habitude d’affadir le boulot des réalisateurs asiatiques.

Après le visionnage du film, il semblerait que Warner Bros ait laissé les coudées franches au réalisateur. En effet, que ce soit visuellement ou dans les thématiques, l’œuvre est dans la lignée du reste de la filmographie du réalisateur. Avec le concept du film, on aurait pu s’attendre à suivre les multiples morts de Mickey tout au long du film, mais Bong évacue ça dans les premières minutes du film. Cette longue séquence fort réussie est dotée d’un humour noir et cruel qui permet de comprendre l’horreur et l’étendue du concept et de l’univers dans lequel les personnages évoluent. Lorsqu’on reviendra à ces séquences chocs, plus tard dans le film, le réalisateur nous les présentera sous un autre angle de vue, nous faisant voir d’un œil nouveau certains personnages du film. Car, pour moi, le point fort du film, ce sont vraiment ses personnages. Sous ces atours outrés et dans l’exagération, on pourrait passer à côté de l’ambiguïté de certains personnages. Je ne parle pas du couple présidentiel totalement horrible et dégénéré dont Ruffalo et Colette offrent une interprétation aussi cabotine que délicieuse. Mais, d’autres personnages qui ont leurs bons et leurs mauvais côtés comme nous tous. Je ne rentrerai pas dans les détails pour gâcher la découverte. Cependant, j’ai trouvé que tout ce qui tournait autour des relations hommes/femmes des protagonistes était original et bien trouvé. D’ailleurs, après The Lightouse, je dois une nouvelle fois saluer la performance de Pattinson dans ce double rôle.
Concernant la partie SF de l’histoire, j’ai bien aimé l’utilisation du concept de photocopie humaine mais aussi tout ce qui tournait autour des créatures vivant sur la planète colonisée. On retrouve ici cette empathie pour les animaux qu’il y avait dans Okja et dans le génial The Host. La parabole sociale n’est pas très fine, mais reste efficace. Il y a encore plein d’autres sujets qui sont abordés, car oui, le film veut parler de beaucoup de choses. J’ai pu lire ou entendre à droite et à gauche que cette dispersion était un défaut du film qui n’avait pas un message ou une thématique claire. Personnellement, j’ai aimé et y ai vu de la générosité et un auteur qui veut profiter de cette opportunité pour transmettre ses angoisses et sa vision du monde. De la générosité, on en aussi avec ce grand final qui est une merveille visuelle avec les créatures au cœur du spectacle.
Au box-office, Mickey 17 est en train de devenir un échec et ça me fend le cœur. Ce n’est pas le meilleur Bong Joon Ho, mais c’est un film de SF bien filmé, , drôle, inventif et sincère. Le film d’un auteur. Bref, une anomalie dans le paysage actuel qui ne va certainement motiver les studios à prendre plus de risques.
Super cette critique