La dernière nuit d’Anne Bonny

• Année de publication: 2024
• Éditeur : Le Lombqrd
• Tomes : One-Shot
• Nombre de pages : 160 pages
• Scénariste: Claire Richard
• Dessinateur: Alvi Ramirez

De quoi ça parle?

La célèbre pirate Anne Bonny a bien vieilli. Devenue patronne d’un bordel, la Mort lui a donné rendez-vous cette nuit. La dernière occasion pour elle de raconter sa version de son histoire.

Et alors, t’as aimé?

Titre

Il y a quelques années, j’ai eu un coup de cœur pour la sous-estimée série de pirates Black Sails. Une série produite par Michael Bay qui démarre comme un gros blockbuster un peu con-con comme il sait si bien le faire. Mais, elle devient au fil des saisons un récit épique et déchirant mélangeant pirates de fiction et historiques. On y découvrait notamment Anne Bonny, une femme pirate. Ayant bien aimé le personnage, mon intérêt a été piqué quand j’ai vu une BD à son sujet. La couverture était séduisante et le macaron « adapté d’un podcast Arte » pouvaient laisser penser que ce qu’on y lirait serait un minimum sourcé. Alors, je l’ai offert à Madame, puis je lui ai emprunté. Ainsi, techniquement, la BD n’entrait pas dans mon budget mensuel !

La dernière nuit d’Anne Bonny est loin d’être une biographie académique. Concernant le personnage et les pirates de l’âge d’or, la principale source d’information est l’Histoire générale des plus fameux pirates du Capitaine Johnson. Il y a donc une multitude de zones d’ombres et d’inconnues concernant la vie de Bonny. Celles-cis seront éclairées par l’ancienne pirate elle-même qui apportera aussi quelques corrections aux anecdotes de Johnson qu’elle ne porte pas spécialement dans son cœur. Et, c’est là que Claire Richard, la scénariste, a eu une idée géniale. Le récit est régulièrement entrecoupé par des échanges musclés entre une historienne et un historien qui discutent des libertés prises avec la vérité historique, des affabulations de Johnson et surtout de la tentation de vouloir imposer des enjeux anachroniques, notamment féministes. Ces échanges mordants sont très drôles et permettent de faire la part des choses entre la fiction et la réalité.

Mais, est-ce que tout ça produit justement une bonne histoire ? Eh bien oui ! La vie d’Anne Bonny est remplie de rebondissements et permet de mieux comprendre la société de cette époque. Elle nous plonge aussi au cœur de la piraterie dans les Caraïbes. J’ai beaucoup aimé que les auteurs ne cherchent pas trop à enjoliver le personnage, notamment dans ses discussions corsées avec une de ses prostituées. Celle-ci, chargée d’écrire son histoire pour la postérité, n’hésite pas à la mettre face à ses contradictions.

Les dessins de Ramirez sont parfaits pour illustrer cette histoire. Ne surchargeant pas ses planches et avec un côté un peu brut, il privilégie l’expressivité et l’énergie de ses personnages. J’ai aussi beaucoup aimé son travail des couleurs qui permettent de donner une belle ambiance aux différentes scènes. Dans sa biographie, il est indiqué qu’il a longtemps travaillé comme directeur artistique et artiste de développement visuel dans des studios d’animation, ce qui ne me surprend pas réellement vu son style.

Si Claire Richard est une autrice reconnue et Alvaro Ramirez un artiste expérimenté, il s’agit là de leur première bande dessinée. Il est parfois difficile de s’adapter aux codes de ce format de récit, mais je dois dire qu’ils ont passé l’épreuve du feu haut la main et j’espère pouvoir lire rapidement de nouveaux projets de leur part. Une très bonne surprise.