Le moine et le fusil
- Année de sortie : 2023
- Durée : 107 min
- Réalisateur: Pawo Choyning Dorji
- Acteurs principaux: Tandin Wangchuk, Pema Zangmo Sherpa
- Pays d’origine: Bhoutan
De quoi ça parle?
Alors que le Bhoutan va vivre ses premières élections, un moine bouddhiste est chargé par son maître de mettre la main sur deux fusils.
Et alors t’as aimé?
Démocratie pour les nuls
Samedi soir, nous retrouvons deux parents dans les rues de Liège qui veulent se faire une toile pour profiter de leur soirée de libre offerte grâce à la gentille tata du rejeton. Monte-Cristo les tente, mais il dure trois heures. Le risque de s’endormir avant la fin du film est grand. Alors, ils consultent le programme et découvrent que la salle arts et essais de la ville diffuse un film bhoutanais de 1 h 47. C’est l’occasion ou jamais de découvrir un cinéaste de ce pays plutôt méconnu.
Concernant la réalisation, le dépaysement ne sera pas vraiment là. La réalisation est très académique et sage. Mais, il y a tout de même un grand soin qui est apporté à la photo pour mettre en valeur les paysages ou les intérieurs des habitations. Néanmoins, le film a bien d’autres points forts que sa réalisation. Tout d’abord, il y a la découverte d’un pays et d’un moment important de son histoire. En effet, en 2006, le roi du Bhoutan a décidé d’abdiquer et d’offrir la démocratie à son peuple. Pour initier les habitants à ce nouveau concept, il a été décidé d’organiser des élections fictives dans les campagnes bhoutanaises. C’est autour de ce processus un peu loufoque que toute l’histoire va tourner. En effet, on va découvrir l’impact de l’arrivée de la démocratie sur un peuple qui ne la demandait pas nécessairement. On y voit que cela va faire naître des dissensions au sein des familles et des villages, au point que certains se demandent même si tout cela a vraiment un intérêt. Ce point de vue est plutôt original pour notre œil occidental où la démocratie nous parait couler de sources, mais où surtout elle est mise à mal par une polarisation de la société toujours plus importante. J’ignore quel est le message qu’a voulu véhiculer le réalisateur, mais en tout cas, pour un Européen comme moi, ça interpelle et interroge.
Je vous rassure, le film n’est pas pesant et didactique, car ce qui traverse tout le film, c’est surtout un film parcouru par un humour bienveillant, parfois loufoque. Le réalisateur montre la cocasserie de ce peuple coupé du monde et qui vient tout juste de découvrir la télévision. On y croisera toute une galerie de personnages représentatifs de la société bhoutanaise. Le récit n’est pas parcouru de grandes péripéties, mais est bien rythmé qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout pour savoir que diable peut vouloir faire un moine avec un fusil ! Le film permet également de découvrir une culture bien différente à travers les yeux d’un Américain venu pour racheter un fusil de collection à un vieux paysan. Cela donnera d’ailleurs une scène très cocasse d’enchères inversées où l’on voit que les valeurs d’un pays à l’autre sont bien différentes et que la barrière de la langue n’est pas le seul problème. J’ai donc passé un très bon moment devant ce film qui, s’il ne brille pas par une réalisation tape-à-l’œil, reste un très bon divertissement qui vous redonnera le sourire en ces temps compliqués.
Ça donne vraiment envie merci pour la critique