Rat et les animaux moches

• Année de publication: 2018
• Éditeur : Delcourt
• Tomes: 1
• Nombre de pages: 208
• Scénariste: Sibylline
• Dessinateur: Jérôme d’Aviau
• Couleurs: Capucine

De quoi ça parle?

Rat est un bon gars, enfin un bon rat. Mais les humains ont peur de lui et les chats cherchent à le bouffer. Alors au bout d’un moment, Rat, il en a gros et fait son baluchon. Chemin faisant il va rencontrer la communauté des animaux moches.

Et alors t’as aimé?

Rat de gouttières

Rat et les animaux moches est édité par Delcourt. On pourrait donc le classer assez naturellement au rayon BD. Mais quand on le feuillette rapidement, on aurait plutôt tendance à y voir un livre illustré pour enfants. De grands dessins ornent les pages avec un peu de texte dessous. Puis quand on commence à le lire, on s’aperçoit qu’il y a un découpage, de la narration graphique et parfois même, les fameuses gouttières si chères à nos petits miquets. Bref, on est bien dans de la BD, mais un format assez original et inhabituel.

Un dessin rat-cé

Maintenant que l’étude taxinomique de l’oeuvre a été effectuée, passons aux choses sérieuses. Rat et les animaux moches est donc une BD à destination d’un jeune public. On va y suivre les efforts de ce brave Rat pour tenter de faire retrouver la joie de vivre à ces animaux moches qui ont été rejetés par les humains. On va ainsi avoir tout un bestiaire qui va défiler devant nos yeux : Lamproie, Araignée, Rat nut, Ver,… Ils sont tous magnifiquement mis en image par d’Aviau. Le dessinateur semble prendre beaucoup de plaisir à donner vie à cette faune hétéroclite. Le trait se fait tantôt hachuré, tantôt ligne claire, mais il s’en dégage toujours beaucoup de vitalité. Les deux auteurs utilisent tout l’attirail de la narration séquentielle pour raconter leur histoire. C’est un festival pour l’amateur de BD que je suis. Et je pense qu’une deuxième lecture permettra encore plus d’apprécier le travail. Et je pense que mon moi de 7-8 ans se serait beaucoup amusé à voir les trombines et aventures de Rat et sa bande.

Une morale qui laisse rongeur

A la fin de ma lecture qui s’est faite d’une traite, j’étais plutôt enthousiaste. Mais la conclusion me semblait un peu sombre pour des enfants. Je ne détaillerai pas plus en avant pour vous laisser la découvrir. Mais outre le sort du caniche, je ne trouvais pas que le destin des animaux moches et de Rat était particulièrement joyeux. Je ne suis pas particulièrement pour qu’on raconte des histoires niaises et guimauves aux enfants. Mais je me demandais quel était le message que les deux auteurs avaient voulu transmettre aux jeunes lecteurs. Et ça m’a un peu travaillé. J’ai repensé au déroulement de l’histoire et aux efforts de Rat. Il cherche à caser les animaux moches chez des humains pour leur redonner de la joie (aux animaux). Sa méthode repose sur le fait de trouver une utilité à l’animal qui plaira à un humain. Alors oui, c’est très mignon de voir ce bousier qui rembobine la pelote de laine d’une vieille grand-mère. Mais est-ce que cela signifie que pour être aimé, il faut être utile? Et donc certains animaux moches sont-ils condamnés à être malheureux car inutiles? Alors peut-être que je vais chercher trop loin. Mais je serai curieux de voir ce qu’ont en pensé les jeunes lecteurs.

Je recommande néanmoins la lecture de cette BD qui est très belle, drôle et pleine de jolis moments. Mais avant de la lire ou de la faire lire à votre enfant, lisez la de votre côté. Vous pourrez voir si ce brave Monsieur G n’a pas un peu trop sur-interprété tout ça. Et selon votre sensibilité politique, vous aurez peut-être une vision différente.