Arca ou la nouvelle Eden

• Année de publication: 2024
• Éditeur : 404 Graphics (IDW pour la VO)
• Tomes : One Shot
• Nombre de pages : 192 pages
• Scénariste: Van Jensen
• Dessinateur: Jesse Lonergan

De quoi ça parle?

La Terre n’est plus habitable, ce qui reste de l’Humanité a embarqué à bord de l’Arca où un système de caste permet au vaisseau de fonctionner en attendant d’atteindre la terre promise.

Et alors, t’as aimé?

L’enfer, c’est les riches

404 Graphic et son directeur de collection m’ont encore attrapé avec leur édition clinquante. Ils m’avaient déjà fait le coup avec le fabuleux Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft. Et, s’il était nécessaire d’achever de me convaincre, il y a une citation de Mathieu Bablet, l’auteur de Carbone et Silicium sur la quatrième de couverture.

Les prémices d’Arca ne sont pourtant pas forcément des plus originaux. En effet, la SF regorge de ce genre de récit où les derniers survivants de l’humanité sont embarqués dans une arche de Noé pour tenter de coloniser une nouvelle planète. Mais, Van Jensen mène plutôt bien sa barque (huhuhu) et propose un récit qui raisonne très fort avec notre époque. En effet, en 2024, les grandes fortunes continuent à amasser de l’argent sans se soucier du dérèglement climatique ou alors d’autres comme Elon Musk pensent que le salut de l’Humanité est dans l’espace et plutôt que de tenter de sauver la planète sur laquelle nous vivons. Dans ce futur utopique pour les grandes fortunes, qu’elle sera la place du citoyen lambda? Van Jensen a bien sa petite idée et c’est ce qu’il nous propose de découvrir avec Arca. Pour se faire, il nous propose de suivre l’enquête que va mener Effie, son héroïne et simple citoyenne. Avec elle, on découvrira peu à peu le fonctionnement du vaisseau, ses sombres secrets et ceux de la caste supérieure. C’est un récit tendu et haletant où le lecteur tremble pour les personnages et se révolte de la manipulation des masses.

Quand je parle de tension et de rythme, il faut maintenant que je vous parle de Jesse Lonergan le dessinateur que je découvre avec Arca. Son style épuré et dynamique permet de donner beaucoup de vie aux personnages. Sa composition des cases permet de véhiculer une ambiance de paranoïa dans ce vaisseau dans lequel on n’est jamais vraiment seul et où la violence peut survenir à chaque instant. Au niveau des planches, il alterne entre des découpages classiques ou d’autres beaucoup plus serrés ou audacieux lorsqu’il faut donner un sentiment d’urgence ou alors bien décomposer une action. Il y a aussi tout un travail sur la couleur par Patricio Delpeche qui contribue à instaurer une atmosphère bien différente en fonction des situations et des époques. Je suis particulièrement fan des teintes rougeâtres utilisées pour les flashbacks nous présentant la fin du monde.

Vous l’aurez compris, c’est un nouveau coup de cœur qui nous vient de 404 Graphic. Sur une thématique SF plutôt classique, les auteurs offrent un récit haletant et moderne qui devrait toucher le révolutionnaire en quête de réponse qui sommeille au fond de chacun.