Heart Gear T.1 à 3
- Année de publication: 2019
- Éditeur : Ki-oon
- Tomes : En cours ( 3 tomes à ce jour)
- Nombre de pages : 180 à 200 pages
- Auteur: Tsuyoshi Takaki
De quoi ça parle?
Les humains y sont enfin arrivés, ils sont une espèce éteinte, la Terre appartient aux robots. Enfn peut-être pas totalement, car Roue est une petite fille de chair et d’os. Elle vit paisiblement avec son tonton Zett, un robot à la cool qui l’a prise sous son aile. A ce petit duo, vient se joindre Chrome, un robot bien étrange. Mais comme on s’ennuierait un peu si tout allait bien, un Insane, un robot devenu fou, vient abattre Zett…
Et alors, t’as aimé
Droïde, as-tu du coeur?
Takaki avait marqué durablement la rétine des amateurs de mangas avec sa précédente série Black Torch. Son trait déjà abouti pour un auteur débutant m’avait épaté. Son style était spectaculaire et punchy avec un découpage efficace des scènes d’action et des personnages stylés. Le genre d’auteur dont on s’en fiche un peu si l’histoire ne tient pas la route. Et pourtant, Black Torch avait une histoire plutôt sympathique qui dût malheureusement être rapidement bouclée car les lecteurs japonais n’ont pas de goût. Donc forcément, j’attendais sa nouvelle série avec impatience. Alors que Black Torch parlait de ninja et de démons dans une époque contemporaine, Heart Gear fait un bond dans le temps et livre un récit de SF pur jus à la sauce shonen.
Après 3 tomes, je dois dire que je ne suis pas totalement conquis par la proposition de Takaki. Déjà d’un point de vue graphique, j’aime moins son nouveau style. Son trait est plus hâchuré, moins propre que dans Black Torch, il a un petit côté croquis encré. De plus, il utilise beaucoup de grosse trames. Je pense que l’intention est de donner un aspect un peu vieilli et sale à son univers, mais je trouve qu’on y perd en lisibilité. Mais qu’en est-il du scénario? On sent que Takaki a beaucoup plus d’ambitions avec Heart Gear qu’avec Black Torch, il veut faire de la grande SF. Son univers est plutôt bien construit, on sent qu’il a potassé le sujet. Mais pour l’instant, ça ne fera pas tomber de leur chaise ceux qui ont pu voir Blade Runner ou lire Gunnm. Mais bon, ça a le mérite de proposer un shonen un peu plus consistant.
Malheureusement, je dirais que c’est justement la partie shonen qui n’est pas au niveau et qui constitue le point principal de mes réticences vis à vis de la série. Je trouve que les deux personnages principaux sont vraiment fades. Il n’ont pas de relief. Roue est un peu un personnage bateau de gentille fifille un peu naïve mais battante et Chrome, et bien, j’aurais du mal à dire ce qu’il est. Il ne parle pas beaucoup, a généralement un visage sans émotion. Je comprends intellectuellement qu’il a envie de trouver un sens à sa vie, de connaître ses origines, mais je me moque un peu de le savoir. Bref, je n’ai aucune attache émotionnelle pour les personnages et je me moque un peu de savoir s’ils atteindront leurs objectifs. Il y a bien quelques personnages secondaires de passage qui ont éveillé mon intérêt comme ce robot qui garde un pont depuis des années car c’était le dernier ordre qu’il a reçu ou ce robot-coiffeur qui est devenu inutile, vu qu’il n’y a plus d’humains. Mais voilà, ce sont quelques fulgurances transitoires.
Mais un shonen, c’est aussi des combats. Alors, ça donne quoi? Et bien, c’est pareil, Chrome est surpuissant et même quand il est mis à mal, on ne tremble pas vraiment pour lui. On a déjà eu quelques beaux affrontements, plutôt bien grattés, mais d’un point de vue dramaturgique, je les trouve creux. Il faudrait que je les analyse en détails pour savoir ce qui me gêne dans leur construction, mais ça ne fonctionne pas sur moi.
Comme vous l’aurez compris, je ne suis pour l’instant pas tellement convaincu par Heart Gear. La série a du potentiel sur le fond, mais la forme n’y est pas. Je trouve que pour une série qui parle de sentiment et d’humanité, elle en est un peu dépourvue. A l’heure actuelle, je suis bien en peine de décider si je m’arrête là ou si je continue.