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La dernière reine

Couverture
  • Année de publication: 2022
  • Éditeur : Casterman
  • Tomes : One-Shot
  • Nombre de pages : 240 pages
  • Auteur: Jean-Marc Rochette

De quoi ça parle?

Édouard Roux, gueule cassée de la Grande Guerre est un homme libre, amoureux de la nature de son Vercors natal. Cependant, il va croiser la route de Jeanne Sauvage, sculptrice parisienne.

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L’hymne de nos montagnes, de la vie man

Voilà un moment que Jean-Marc Rochette est un auteur de bande dessinée de renom. À titre personnel, jusqu’à ce jour, je n’avais lu que sa saga du Transperceneige, un récit de science-fiction adapté à l’écran par Bong Joon Ho, le réalisateur de Parasite. C’est lors de mon passage en bibliothèque que je suis tombé sur sa dernière BD, fièrement exposée sur une étagère. La couverture m’a immédiatement attiré l’œil, avec cette ourse trônant fièrement au sommet d’une montagne.

Je ne regrette pas mon choix. La Dernière Reine est une œuvre vraiment admirable d’un auteur accompli, que ce soit d’un point de vue de la narration ou du dessin. Rochette a pris le parti de commencer son récit par l’annonce de la condamnation à mort de son héros. Le lecteur n’est donc pas pris au dépourvu, et l’on sait d’emblée que tout cela ne peut que mal se terminer. Reste à découvrir comment. Puisque c’est un véritable périple à travers le temps et l’espace auquel le lecteur est convié. Il ira du temps des cavernes aux tranchées de la Marne en passant par les cafés parisiens des années 20 ou encore les sommets du Vercors.

Case de BD

Au cœur de ce récit, on découvrira deux très beaux personnages, Edouard, montagnard désabusé par le monde des hommes, gardien de secrets ancestraux, et Jeanne, jeune sculptrice animalière au grand cœur, réparant les gueules cassées. Ces deux personnages venant d’univers si différents, mais ayant pour point commun l’amour de la nature, permettront d’aborder une multitude de thématiques : l’horreur de la guerre et le sort réservé aux vétérans, la nature et l’effet dévastateur de l’homme sur celle-ci, mais également la passion de l’art et les vautours qui gravitent autour. Ainsi, bien souvent, Rochette, après nous avoir montré la beauté d’un paysage ou une discussion enflammée entre artistes, nous confronte à la face sombre de l’humanité. Et, à l’instar d’Edouard, on se retrouve à détester les hommes et à préférer la compagnie des ours. Même s’il faut bien admettre que la plupart d’entre nous ferions partie de cette humanité prédatrice que le montagnard redoute. Rochette montre aussi un certain talent d’écriture avec de très beaux dialogues entre Edouard et Jeanne. On pourrait parfois leur reprocher d’être trop écrit, mais cette poésie étant en raccord avec les images, cela semble tout à fait naturel.

Visuellement d’ailleurs, j’ai été assez épaté par le trait de Rochette qui a grandement évolué depuis le Transperceneige. Son dessin est devenu plus épuré, simple, d’une maîtrise incroyable qui donne aux paysages de montagne leur grandeur et leur majesté, reléguant l’homme à son insignifiance. En quelques traits, il va croquer ses personnages et leur donner corps et consistance.

La Dernière Reine est une œuvre forte et rare qui, malgré sa richesse et sa densité, se lit d’une traite grâce au talent narratif de Rochette. Après 45 ans de bons et loyaux services et la polémique autour de Bastien Vivès, l’auteur a annoncé qu’il prenait sa retraite et que ce serait sa dernière BD. Si, à titre personnel, je le regrette, admettons que c’est un départ en beauté. Et puis, il me reste encore quelques œuvres à découvrir du monsieur !

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