La Horde du Contrevent T.1
- Année de publication: 2017
- Éditeur : Delcourt
- Tomes : En cours ( 2 au moment de cette critiue)
- Nombre de pages : 74 pages
- Scénariste: Eric Henninot
- Dessinateur : Eric Henninot
- Coloriste: Gaëtan Georges
De quoi ça parle?
Golgoth et sa Horde ont pour objectif de savoir ce qui se trouve tout au bout du monde et l’origine de ce vent terrible et mortel qui balaie la planète sans relâche.
Et alors, t’as aimé?
Une BD époussoufflante?
La Horde du Contrevent est avant tout un roman d’Alain Damasio. Une oeuvre puissante et viscérale qui était à mes yeux inadaptable. En effet, le style de Damasio, son jeu sur les mots, les sonorités étaient une des composantes majeures du choc ressenti à ses lectures. Et pourtant, Eric Henninot a décidé de relever le défi et d’adapter le périple de la Horde en BD.
Là où il s’en sort très bien, c’est dans la description de ce monde si particulier et dans sa représentation du vent. On le sent souffler et mettre à mal les corps. L’utilisation des onomatopées est très intelligente et permet de lui donner encore plus de vigueur. Les hordeurs sont tous facilement reconnaissables et travaillés graphiquement. Leurs costumes sont plein de petits détails, adaptés à leur fonction dans le groupe. Sur ce point-là, même si je n’avais pas forcément eu la même vision dans mon esprit, je dois dire qu’Henninot, le dessinateur, remplit plus que largement sa part du boulot. Mais qu’en est-il de Henninot, scénariste.
Je pense qu’il fait du bon boulot mais qu’il est limité par le format choisi. Un format de 74 pages, même s’il est un peu plus généreux que le traditionnel 48 pages, ne permet pas de bien développer les personnages ou l’intrigue. Je me rappelle que lors de ma lecture du roman, j’étais au coeur de la Horde, je ressentais leur souffrance, leurs doutes. La rage de Golgoth était palpable, viscérale. Je m’étais énormément attaché à nombre d’entre eux, si bien que lorsque l’un d’entre eux venait à manquer à bord, jamais au grand jamais son trou ne se refermait. Ici, j’ai plus eu l’impression de voir des moments choisis du périple. Je n’ai pas eu le temps d’apprendre à connaître les personnages. Si bien qu’une mort qui m’avait touché lors de ma lecture du roman, me laissa ici de marbre, le malheureux étant à peine esquissé jusque là. Je me demande d’ailleurs comment cette BD a été reçue par des personnes n’ayant pas lu le roman. Ca doit être assez difficile de rentrer dedans. Peut-être que des gros pavés N&B aux dessins moins fouillés auraient permis de passer outre cet écueil, en permettant de plus développer l’histoire. Mais cela aurait été faire une croix sur la beauté des dessins d’Henninot.
Au final, j’ai pris plaisir à découvrir la vision d’un auteur sur une oeuvre qui m’a marqué. C’est avec plaisir que j’ai vu sous mes yeux se recréer certains passages marquants de ma lecture. Mais je ne sais pas si je continuerai à suivre la Horde vers l’Extrême-Amont. J’ai trouvé que l’ensemble manquait d’émotions.