Le jour de Howard Phillips Lovecraft
- Année de publication: 2023
- Éditeur : 404 éditions
- Nombre de pages : 112
- Scénariste: Romuald Giulivo
- Dessinateur: Jakub Rebelka
De quoi ça parle?
Le 15 mars 1937, l’écrivain Howard Phillips Lovecraft s’éteint des suites d’un cancer des intestins. Comment se passa la dernière journée du célèbre papa de Chutlhu? Pas comme on pourrait l’imaginer.
Et alors, t’as aimé?
Pour qui sonne le fhtagn
Howard Phillips Lovecraft est un célèbre écrivain de fantastique et science-fiction qui a influencé une bonne partie de la pop culture fantastique du 20ᵉ siècle. Il n’est pas rare de voir dans la critique d’un film ou d’un jeu vidéo qu’il est Lovecraftien. En effet, même si elles n’adaptent pas directement une des nombreuses nouvelles de l’écrivain, ces œuvres en reprennent ses codes, son esprit. Malheureusement, contrairement à un Stephen King, il ne connut pas succès et la gloire de son vivant. C’est de tout ça qu’on voulut parler Guilivo et Rebelka dans cet étrange chant de Noël à la Dickens.
La BD s’ouvre sur des planches rouge sang aussi belles qu’étranges et effrayantes qui plonge le lecteur dans ce fameux univers lovecraftien pour finalement nous mener dans le monde gris et terne d’un hôpital dans lequel l’écrivain vit ses dernières heures. Et, avant qu’il ne rende son dernier souffle, Lovecraft sera visité par des fantômes du passé, du présent et du futur, voire d’autres dimensions. Via cette approche narrative, les auteurs vont ainsi apporter de nombreux aspects du personnage : sa vie affective, son racisme et ses regrets. Mais, ils vont aussi aborder le pouvoir de la création sur la réalité, son héritage artistique ou encore le fait qu’il soit devenu lui-même un personnage de fiction à part entière, véhiculant beaucoup d’idées reçues assez éloignées de la personne qu’il était réellement.
Certains passages sont vraiment émouvants comme cette discussion avec son épouse et on en oublierait presque que nous sommes devant une œuvre de fiction et que ces dialogues n’ont jamais eu lieu. Pourtant, cela pourrait sembler difficile quand on admire les planches de Rebelka. Il joue à emmêler le monde réel et le monde onirique en jouant avec les rouges et les gris, déformant les visages ou créant d’étranges décors innommables. La très belle édition de 404 les met magnifiquement en valeur et confère beaucoup d’impact aux planches et au dernier voyage de Lovecraft.
Le dernier jour de HP Lovecraft est une œuvre forte et ambitieuse. Exigeante et ambitieuse dans certaines de ses thématiques, elle arrive néanmoins à transmettre les émotions de l’écrivain. Ce n’est pas simplement un essai intellectuel, il y a aussi du cœur. Cependant, j’ignore si je pourrais la conseiller à une personne qui ne connait rien de la vie de l’auteur ou de son œuvre. Est-ce que cela résonnerait de la même façon ? Je ne saurais le dire. Je pense que les auteurs ont fait un travail remarquable pour apporter les informations nécessaires à la compréhension via les dialogues et la narration. Mais, j’ai, par moments, senti que certaines choses me passaient au-dessus de la tête. Mais, une chose est certaine, c’est une des meilleures BD que j’ai pu lire cette année.