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Les Brumes d’Avalon

  • Année de publication: 1983 pour la version originale (2019 pour l’audiolivre)
  • Pages: 876
  • Durée du livre audio: 22h33min
  • Autrice: Marion Zimmer Bradley
  • Traductrice: Brigitte Chabrol
  • Comédienne: Bénédicte Charton
  • Éditeur: Flammarion/ Audible

De quoi ça parle?

Pendant que les chevaliers font des trucs de chevaliers, que peuvent bien faire ces bonnes femmes à part du tricot et cuisiner des tourtes? La réponse va vous étonner.

Et alors, t’as aimé?

Et ta soeur?

Je m’étais régalé avec la vision toute particulière de la vie d’Uther Pendragon d’Alex Nikolavitch dans Trois coracles cinglaients vers le couchant. Et comme j’étais bien en jambes, je me suis dit que j’allais poursuivre dans l’exploration du cycle arthurien. Mais là encore, je voulais une approche originale. Et celle de Bradley l’est. Plutôt que de raconter à sa sauce les mêmes évènements ressassés à longueur de bouquins, elle a pris le parti de changer de point de vue. En effet, Arthur et ses compagnons ne sont que les rôles secondaires de l’histoire. Les personnages principaux sont ici les femmes de la légende: Vivianne, Guenièvre et Morgane. Et ça donne un éclairage totalement différent à l’histoire, une vision féministe qui contribue à changer l’image que l’on peut se faire des personnages. Ainsi Morgane la Fée, généralement perçue comme l’ennemie maléfique d’Arthur est ici une femme tragique, tiraillée entre ses sentiments et son devoir.

La croix et la bannière

Un autre point fort du récit est l’opposition entre les anciennes croyances païennes et la religion chrétienne. Cohabitants au départ, elles vont devenir l’enjeu de luttes de pouvoir importantes. Bradley n’est pas tendre avec la religion chrétienne. Elle cherche à éradiquer les autres croyances, imposer le patriarcat. Le contraste est d’autant plus violent avec la religion de la déesse vénérée par le peuple d’Avalon. Une religion pleine de tolérance où les femmes sont considérées comme l’égale de l’homme, moins pudibonde. Le lecteur anticlérical que je suis a donc rapidement pris faits et cause pour Morgane et la Déesse. Il faut dire que l’autrice n’y va pas avec le dos de la cuillère avec le personnage de Guenièvre. Cette femme qu’on avait pris en sympathie lorsqu’elle fut vendue à Arthur comme une pouliche, devient par la suite un personnage haïssable et stupide. Croyante intégriste, elle forcera Arhur à renier la bannière des Pendragon pour celle du Christ. Ce qui lui causera bien du tracas par la suite. Cette charge unilatérale est néanmoins tempérée par la conclusion de l’histoire. Morgane semble aussi sombrer aussi dans cet intégrisme religieux, ne voyant pas qu’Arthur a réussi à imposer la paix tant recherchée. Mais cette fois-ci, la critique se fait plus subtile, plus fine au point que je me demande si je ne l’ai pas imaginée.

Le drame du lac

Mais le cycle arthurien, c’est aussi de l’amour et si possible de l’amour contrarié. Et là, on est servi. Tout le monde couche avec tout le monde. Mais personne n’est heureux ou sinon ça ne dure guère longtemps. Il y a bien parfois quelques dialogues qui sonnent un peu trop grandiloquents, mais ça n’est jamais lourd. Il y a aussi tout un sous-texte homoérotique assez fort entre Arthur et Lancelot qui rend cette relation à trois pour le moins original. C’est la première fois que je lis du Marion Zimmer Bradley et je suis tombé sous le charme de son style. Il est imagé, poétique et vivant. Il confère au récit une atmosphère de magie et de féérie qui lui donne beaucoup de charme. Tout ce qui tourne autour des croyances et rites païens s’en retrouve magnifié.

Une fin inAudible

J’ai découvert cette histoire via l’audiolivre d’Audible qui compile les deux premiers tomes du cycle d’Avalon (je ne mets pas lien, vous allez comprendre). Et je tiens à saluer la performance de Bénédicte Charlton qui a mis beaucoup de coeur et de talents pour donner voix au texte. Mais la version d’Audible est une version tronquée de l’histoire. Celle-ci s’arrête au moment du départ des chevaliers pour la quête du Graal et toute la conclusion du récit est absente. Je pensais qu’elle serait narrée dans le tome 3, mais celui-ci démarre une toute nouvelle histoire qui se passe bien avant celle de Morgane et Arthur. Donc méfiez-vous et préférez lui la récente réédition (2016 chez Pygmalion). L’ancienne édition était apparement tronquée de nombreux passages.

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