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L’homme qui mit fin à l’Histoire

  • Année de publication: 2011 pour la version originale (2016 pour la VF)
  • Pages: 106
  • Auteur: Ken Liu
  • Traducteur : Pierre-Paul Durastanti
  • Titre original: The man who ended History: a documentary
  • Éditeur: Le Bélial’

De quoi ça parle?

Deux scientifiques mettent au point une technologie qui permet de retourner dans le passé en simple observateur. Ce procédé, destructif, ne permet qu’à une personne de se rendre une seule fois dans un lieu à un temps donné.

Et alors, t’as aimé?

Aller simple pour l’Enfer

Alors que je déambulais au rayon SF d’une librairie, je suis tombé sur la collection « une heure lumière » du Bélial. Elle était là, trônant fièrement avec ces bandeaux rouges affichant une avalanche de prix pour des petites romans d’une centaine de pages. N’ayant pas beaucoup de temps et d’énergie pour m’attaquer à de gros pavés, il n’en fallait pas plus pour me convaincre. J’ai donc commencé par cette histoire courte de Ken Liu qui jouit d’une certaine réputation mais que je n’avais encore jamais lu jusqu’ici.

Lorsque j’ai lu un peu rapidement le quatrième de couverture, je m’attendais à une histoire pêchue, peut-être un thriller, en tout cas quelque chose qui allait me tenir en haleine et secouer notre conception de l’Histoire. Mais j’aurai du être plus attentif car il était également fait mention de l’Unité 731, un camp d’expérimentation bactériologique japonais qui conduisit à la mort plus de 400 000 Chinois lors de la seconde guerre mondiale. Donc forcément, on ne va pas faire du sensationnalisme avec ça. Enfin le titre complet du livre est : « L’homme qui mit fin à l’Histoire: un documentaire ». Encore un indice supplémentaire qu’on n’était pas forcément là pour donner dans le spectaculaire. Et là, vous allez me dire:  « T’es gentil Monsieur G de nous dire ce que n’est pas le livre, mais on s’en fout un peu, non? ». Et vous avez bien raison.

Ce court roman de Ken Liu prend donc la forme d’un documentaire qui tente de raconter comment la machine a été créée et surtout tous les problèmes et dilemmes que son existence a générés. En effet, ses inventeurs ont voulu envoyer des descendants de victimes de l’unité 731 pour qu’ils témoignent des exactions commises par les militaires et médecins japonais. Et de là, il y a tout un tas de problématiques qui sont soulevées par le livre. A qui appartient ce territoire du passé? Aux occupants actuels ou aux anciens? Des accumulations de témoignages directs valent-elles une analyse de documents par des historiens? Est-ce que les gouvernements sont prêts à ce qu’on vienne fouiller dans leur passé pour déterrer leurs cadavres honteux? Comment fonctionne le devoir de mémoire? Et je dois certainement en oublier. En une centaine de pages, Ken Liu explore une quantité phénoménale de réflexions et de problématiques tout en nous décrivant les horreurs de l’unité 731. Je n’en croyais pas mes yeux, au point que je me suis rendu sur wikipédia en cours de lecture pour aller vérifier si c’était une invention ou pas.

L’homme qui mit fin à l’Histoire est donc une oeuvre de SF très réussie qui avec son postulat de départ questionne notre rapport et celui des Etats à l’Histoire. Il est aussi l’occasion de parler et de rendre hommages aux victimes chinoises de l’Unité 731 qui ne semblent pas être très connues en Occident et dont le Japon a longtemps nié l’existence pour finalement le reconnaître en 2002 tout en refusant d’en endosser la responsabilité.

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