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MW

  • Années de publication: 1976-1978 (2019 pour l’édition collector française)
  • Éditeur : Delcourt/Tonkam
  • Nombre de pages: 582
  • Auteur: Osamu Tezuka

De quoi ça parle?

Yuki est un jeune et brillant banquier japonais. Mais c’est aussi un être sans morale prêt à commettre les pires exactions. Et il prend un malin plaisir à les confesser à Garai, prêtre catholique mais aussi amant de Yuki, impuissant face aux agissements du monstre.

Personne n’est à l’abri de Yuki, pas même les enfants.

Et alors, t’as aimé?

Osamu Tezuka est souvent affublé du titre de Dieu du manga. Et il faut dire que le titre est loin d’être usurpé. Il commence sa carrière en 1946 et lorsqu’il mourra à 60 ans, il laissera derrière lui une oeuvre de 700 titres et 170 000 planches! Même s’il aura industrialisé son processus de production, délégant beaucoup de tâches, on ne peut rester qu’impressionné par l’ampleur de l’oeuvre et son impact sur le monde du manga que ce soit au niveau des codes graphiques, de la narration, tous les auteurs actuels sont les enfants de Tezuka.

Pour le grand public occidental, on connaît surtout ses oeuvres de jeunesses comme Astro Boy ou le Roi Lion. Mais l’auteur a aussi réalisé dans les années 70, des oeuvres plus matures, plu sombres telle Ayako ou ce qui nous intéresse ici MW. Car MW est d’une noirceur abyssale. Tezuka ne laisse pas beaucoup de chance aux lecteurs de trouver un peu d’espoir dans ce récit qui ne cesse d’aller plus loin dans le Mal. On pourrait penser au premier chapitre que Garai le prêtre sera un héros positif qui mènera à la rédemption de Yuki ou au moins l’arrêt de ses méfaits. Mais dès le deuxième chapitre, on réalisera que celui-ci est tout sauf héroique et qu’il participa certainement à la naissance du monstre. Et tout au fil du récit, sa faiblesse face à Yuki le rendra plus pathétique que sympathique. Car la relation amoureuse entre Yuki et Garai n’a rien de romanesque ou d’attendrissant. De par son origine ou des jeux tordus auxquels jouent Yuki, cet amour, s’il existe vraiment, est sadique et cruel. Et la nombreuse galerie de personnages que Tezuka présentera tout au long de ce long récit sera logée à la même enseigne. Il y aura bien quelques personnages plus positifs, mais ils ne feront pas long feu face aux machinations de Yuki.

Garai et Yuki illustrent à merveille la dualité amour/haine.

Tezuka est un humaniste, une oeuvre comme Astro le démontre. Mais avec MW, il ne semble pas avoir beaucoup d’espoir pour l’espèce humaine. Il charge violemment les hommes politiques, corrompus et lâches, il dresse une critique virulente des atrocités de la guerre. On pourra d’ailleurs reprocher un petit manque de subtilité tant le récit est sans concession. Mais que cela ne vous refroidisse pas. MW est loin d’être une oeuvre pontifiante ou trop introspective. Les personnages se réalisent par leurs action car Tezuka est un magnifique conteur. Son récit est mené à un train d’enfer et il est difficile d’interrompre sa lecture. L’auteur a un sens inné du rythme et du suspens. Alors bien sûr, parfois c’est un peu gros et le mangaka ne cherche pas le réalisme, mais alors que l’oeuvre à maintenant plus de 40 ans, on ne sent pas vraiment le poids des années que ce soit dans le ton ou le graphisme. Le manga a certainement un petit côté rétro, mais il n’est ni daté, ni ringard et la force du récit est toujours intacte.

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