Paris, Texas

De quoi ça parle?
Un homme en costume cravate erre dans le désert texan.
Et alors, t’as aimé?
A cœur ouvert
Paris, Texas a reçu la Palme d’Or en 1984. À l’occasion des 40 ans de sa sortie, le film a été restauré pour une édition 4K. Il y avait donc quelques indices qui suggéraient que le film devait être un film de qualité. Après l’avoir vu, je peux vous dire que c’est bien plus qu’un bon film. Je ne me considère pas comme un grand cinéphile, mais après avoir visionné des centaines, voire des milliers de films, il devient de plus en plus rare de ressentir de grands chocs à la découverte d’un film. Et, ce samedi soir, ce fut le cas.
Le film s’ouvre sur des plans du désert texan au son d’une guitare lancinante. Puis, on aperçoit la dégaine décharnée de Harry Dean Stanton dans ce costume cravate trop grand pour lui, casquette rouge vissée sur la tête. L’homme avance inexorablement à bout de force. Les premières minutes sont intrigantes et mystérieuses. Le film va savamment entretenir le mystère sur ce qui est arrivé au héros jusqu’à la révélation finale. Mais, attention, ce n’est pas un thriller, ni même un polar. Paris, Texas parle de famille et d’amour. La performance de toustes les acteurices est vraiment formidable, mais il faut bien avouer que Stanton livre une performance époustouflante. Il m’avait marqué dans son rôle de mécano de l’espace dans Alien. Ici, il a le rôle d’une vie et s’en tire à merveille. Il arrive à transmettre les tiraillements, les émotions qui parcourent ce personnage complexe et torturé par ses actions passées.

Les acteurs ne sont pas les seuls à donner le meilleur d’eux-mêmes. Les mots que Sam Shepard et Wim Wenders mettent dans la bouche de leurs héros sonnent toujours très justes et sont très beaux. Mais, il y a aussi tout un fantastique travail de mise en scène pour nous faire apprécier les personnages et leurs relations. Je pense notamment à ce retour d’école où le père et le fils sont séparés par une route et vont finir par se rapprocher dans une séquence rappelant la comédie du cinéma muet. Il y a bien sûr cette confession finale qui a certainement dû être analysée en long et en large pour détailler la composition des plans et le placement des acteurs. Ce sont les exemples les plus frappants du soin et de la réflexion apportés par Wenders. Mais, cette précision est présente dans le moindre plan. Plans qui sont magnifiés par une photographie et une lumière de toute beauté qui mettent en valeur la splendeur des paysages texans, mais imposent des ambiances très fortes aux scènes intimistes.
Vous l’aurez compris, Paris, Texas m’a plus que charmé. C’est indéniablement un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir.
Pour l’anecdote, j’ai appris il n’y a pas si longtemps que le film avait été ce-écrit par Sam Shepard, que je connaissais comme acteur dans « Les Moissons du ciel » de Malick (tu connais mon amour de Malick), « L’étoffe des héros », « La Chute du Faucon Noir », ou « The Pledge » de Sean Penn. Mais quand j’ai vu qu’il était scénariste, qu’il avait écrit « Paris Texas » avec Wenders, j’ai creusé le truc et j’ai découvert qu’il avait écrit de nombreuses pièces de théâtre (44 pour être exact), leurs adaptations au cinéma comme « Fool for Love » de Altman et qu’il était également auteur de nouvelles et de poèmes. Et enfin, il a reçu le Pulitzer de l’œuvre théâtrale. Bref, j’ai adoré redécouvrir ce personnage haut en couleur après avoir revu complètement par hasard « Paris Texas » sur une plateforme !
Ah oui gros CV quand même! Merci pour les infos.