Titane
- Année de sortie : 2021
- Durée : 108 min
- Réalisateur: Julia Ducournau
- Acteurs principaux: Agathe Rousselle, Vincent Lindon
- Pays d’origine: France
De quoi ça parle?
Une danseuse meurtrière va croiser la route d’un pompier en deuil.
Et alors, t’as aimé?
Titane, trop, trop?
Lors du festival de Cannes 2021, Titane a reçu la célèbre Palme d’Or. On peut discuter ce choix, mais généralement, les films qui la reçoivent sont des films de grande qualité comme Parasite dont je vous avais parlé. Mais si vous ne faites pas confiance aux membres du jury présidé par Spike Lee, je vous propose de vous livrer mon avis sûr et éclairé sur le second film de Julia Ducournau. Il faut dire que je J’attendais avec impatience car j’avais beaucoup aimé son premier film, Grave, sur la découverte du cannibalisme par une première année en médecine. Oui, petit précision : Ducournau fait dans le film de genre horrifique. Mais là où le tout-venant est souvent bâclé scénaristiquement et formellement, la réalisatrice avait rendu une copie solide et marquante.
J’ai vu le film, il y a quelques jours et c’est depuis pour moi un véritable casse-tête pour vous en faire la critique. En effet, j’en savais assez peu sur le film et ses retournements et je ne voudrais pas vous les déflorer car c’est un étrange parcours auquel vous convie Ducournau. En effet, le film alterne les genres et les ambiances au gré des déambulations de l’héroïne. C’est un parcours violent et torturé qui pourrait gêner, perturber les âmes les plus sensibles. En effet, nous sommes dans un film d’horreur et la réalisatrice n’hésite pas à utiliser des plans gores. Le spectateur est exposé à toutes sortes de fluides plus ou moins ragoutant qui font lui font passer la première demi-heure en apnée devant tant de fureur et de violence. Pas de quoi s’évanouir comme c’est apparemment arrivé lors de sa projection au festival, mais il vaut mieux être prévenu. Julia Ducournau nous livre ainsi un récit viscéral qui n’explicite rien mais qui cherche à atteindre les tripes du spectateur pour l’immerger dans la folie de ses personnages brisés. On peut émettre des hypothèses sur les causes du comportement du personnage principal, mais aucun réponse claire ne nous sera apportée. C’est un film qui ne fait pas appel à la réflexion du spectateur mais à sa partie plus inconsciente. Il se peut que ça gêne certaines personnes qui pourrait ne pas supporter quelques incohérences scénaristiques. Mais le film tient plus du conte ou du cauchemar que du récit naturaliste. Ce fut pour moi une expérience forte et qui me marquera longtemps. On retrouve l’immersion et la folie de Grave mais tous les curseurs poussés au maximum.
Et si le film fonctionne à merveille, c’est aussi grâce aux performances exceptionelles des acteurs. Julia Ducournau a un vrai talent pour dénicher des jeunes actrices talentueuses. Elle nous avait révélé Garance Marillier dans Grave et Titane est la premier film d’Agathe Rousselle. Elle livre une composition assez incroyable avec son personnage mutique mais expressif. Tout au long du film, Alexia, son personnage ne va cesser de se métamorphoser physiquement, soumettant son corps à d’horribles souffrances et Rousselle va savoir nous retransmettre toute cette douleur en pleine face. C’est une performance forte et habitée où on oublie totalement l’actrice. En face, c’est l’expérimenté Vincent Lindon qui lui donne la réplique. Il est comme d’habitude impeccable. Au niveau réalisation, Julia Ducournau montre qu’elle a une maitrise assez incroyable et un amour de la belle image. Le travail sur la lumière, les cadrages sont époustouflants. Elle ne cherche pas à nous retranscrire le réel, mais à nous plonger dans ce cauchemar. On a ainsi des utilisations de lumières très colorées pour mieux refléter l’état d’esprit des personnages. Je reverrai avec plaisir le film uniquement pour m’intéresser à son aspect formel. Ainsi lors de l’accident fondateur, elle filme au plus près ses acteurs pour qu’on ressente l’agacement du père, mais lorsque la tête de l’enfant percutera la vitre de la voiture, on le verra de loin, percevant à peine un petit bruit d’impact rendant la chose insignifiante. Il y a aussi ce plan séquence incroyable sur la musique des Kills ou cette scène de massacre rappelant le détachement et l’ironie d’un Tarantino. Non vraiment, chaque séquence mériterait d’être revue.
Après le succès de Grave, Julia Ducournau n’a pas cherché la sécurité avec Titane. Elle livre un second film sans concession qui pourrait laisser de nombreux spectateurs sur le bord de la route que ce soit par sa violence visuelle ou son scénario étrange et hermétique. Quoi qu’il en soit, ce fut pour moi une expérince forte et intense et j’attends avec impatience de voir où elle va nous emmener pour son prochain film.