Salle de projection

Vivre

  • Année de sortie: 1952
  • Durée: 142 min
  • Titre original : Ikiru
  • Réalisateur: Akira Kurosawa
  • Acteurs principaux: Takashi Shimura, Shiichi Himori
  • Pays d’origine: Japon

Ca parle de quoi?

Watanabe est un vieux fonctionnaire municipal qui n’a jamais vraiment profité de la vie. Homme d’habitude et de routine, il voit son quotidien chamboulé lorsqu’on lui apprend qu’un cancer incurable ne lui laisse plus que quelques mois à vivre. Un Breaking Bad avant l’heure en somme.

Et alors, t’as aimé?

En 1952, après une période de vaches maigres, Kurosawa est tout auréolé du succès de Rashomon quand il s’attaque à Vivre. Quand on pense à Akira Kurosawa, la première image qui vient est celle de films de sabre tels que les sept samouraïs ou encore Yojimbo. Mais le réalisateur ne s’est pas uniquement intéressé au passé du Japon, il a aussi observé avec un œil aiguisé ses contemporains et le Japon d’après-guerre. Vivre est dans cette veine là.

Watanabe comprend qu’il est condamné

Lorsqu’on regarde le résumé de Vivre, on pense immédiatement à la Vie est belle de Frank Capra, mais là où le film de l’Américain est plein de bon sentiments et un peu naïf, le Japonais va porter un regard plus cynique. Ainsi lorsqu’on découvre notre héros tamponnant consciencieusement sa pile de paperasse, il n’a rien de sympathique et on a le droit à une scène de ping pong administratif qui rappelle furieusement la maison des fous des Douze travaux d’Astérix. Puis une fois, l’annonce fatale passée (petit bijou de mise en scène), on va voir Watanabe profiter des plaisirs de la vie dans de magnifiques séquences de fêtes nocturnes qui, prenant par surprise le plus insensible des spectateur lui verser une larme ou deux à l’occasion d’une chanson bouleversante.

Il faut aussi souligner la magnifique performance d’un des acteurs fétiches du réalisateur Takashi Shimura qui semble totalement habité par son personnage, portant le poids du monde sur ses épaules, totalement désemparé et se redressant peu à peu au fur et à mesure, nous faisant presque oublier l’ombre de la faucheuse.

Et c’est alors que Watanabe laisse de côté sa jouissance personnelle pour commencer à aider la communauté via la construction d’une aire de jeu que Kurosawa décide de faire une ellipse brutale pour nous montrer ses funérailles. C’est un coup de génie d’un point de vue narratif car on va tout de même voir les dernières semaines de Watanabe mais via la vision subjective de son entourage et c’est l’occasion pour Akira Kurosawa de dresser un portrait moqueur des politiciens opportunistes et des fonctionnaires serviles.

Ce film de Kurosawa est, vous l’aurez compris, un chef d’oeuvre car outre son propos fort et intelligent, c’est aussi une magnifique oeuvre de cinéma. Le montage utilise intelligemment les flashbacks pour servir le propos de l’histoire. Les plans sont tous léchés, fourmillent de vie et de détails et la gestion du noir et blanc est de tout beauté.

Pour profiter pleinement de ce petit bijou, je vous recommande l’édition blu-ray/DVD chez Wild Side qui possède en plus un très joli livret avec de superbes photos du film et une analyse détaillée et passionnante de Charles Tesson.

Une réflexion sur “Vivre

  • Ah chouette critique, ça m’interesse, car j’ai bien aimé Breaking Bad et La vie est belle de Cappra!

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