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Mister Miracle (2017)

  • Année de publication: 2017 à 2018 (2019 en VF)
  • Éditeur : DC comics ( Urban comics en VF)
  • Épisodes : 12 (un gros volume en VF)
  • Nombre de pages : Environ 300
  • Scénariste: Tom King
  • Dessinateur: Mitch Gerads

De quoi ça parle?

Mister Miracle est le roi de l’évasion, capable de s’échapper de n’importe quel piège. Mister Miracle est aussi un New God, fils adoptif de Darkseid , maître d’Apokolips. Mister Miracle est aussi Scott Free quand il ôte son costume. Et Scott est en pleine dépression et décide de mettre fin à ses jours.

Et alors, t’as aimé?

Docteur King et Mister Tom

J’ai une relation ambiguë avec Tom King, le scénariste de Mister Miracle. Je l’avais découvert à l’occasion de son run sur Vision chez Marvel. Une espèce de Desperate Housewives malsain qui était un petit chef d’oeuvre. Ca ne respirait pas la joie de vivre, c’était glauque mais c’était écrit avec énormément de talent et de justesse. Peu après, King quitta Marvel pour aller en face chez DC et s’attaquer à Batman. Inutile de dire que j’étais impatient de voir ce qu’il allait faire avec le personnage. Et après une vingtaine d’épisodes, j’ai lâché l’affaire. Mal écrit, bas du front, incohérent, j’avais du mal à croire qu’il s’agissait du même scénariste. C’est donc prudent que j’ai abordé la lecture de ce Mister Miracle. Même si le retour général laissait présager une œuvre plus proche de l’intimiste Vision que du blockbuster Batman. Et puis après vous avoir vanté les mérites de Gwenpool et West Coast Avengers, il fallait bien que je vous parle un peu de la maison d’en face.

Des pressions critiques

J’ai terminé la lecture de Mister Miracle, il y a une semaine. Et cela fait une semaine que je laisse cette critique de côté car je ne sais pas par quel bout la prendre. Car c’est une oeuvre ambitieuse et complexe mais qui sait rester divertissante. On pourait penser au départ qu’il va traiter d’une énième dépression via le prisme super héroique. Mais au fil des pages, on s’aperçoit que c’est bien plus que ça. C’est une oeuvre très personnelle que livre King et Gerads qui y ont mis énormément d’eux-même et de leur vécu. Je ne m’étendrai pas plus sur les thèmes abordés pour ne déflorer les surprises. Mais attendez vous à être touchés, émus, mais aussi rire. L’histoire se divise tout de même en deux grands aspects. D’un côté le quotidien très terre à terre de Scott Free et sa femme Barda, de l’autre la guerre que Mister Miracle et Big Barda livrent aux forces de Darkseid. Scott essaie tant bien que mal de cloisonner ces deux univers, et se sera un des enjeux de l’histoire comment vivre une vie normale quand on a Darkseid, les New Gods et une prophétie sur le dos? Mais est-ce que faire la gueguerre en costume n’est pas aussi un échappatoire à la réalité et plus simple à gérer? Le héros sera perpétuellement tiraillé entre ces envies et injonctions contradictoires. Tout cela pourrait être bien pesant à lire, si King n’avait pas agrémenté le tout d’une dose d’humour pile comme il faut pour ne pas dénaturer son récit. Et pour la route, je rajouterai qu’il rend un très bel hommage à l’oeuvre du grand Jack Kirby qui a créé tout l’univers des New Gods, plus connu sous le nom de quatrième monde. J’ai été aussi particulièrement touché par le couple Free/Barda. Il m’a semblé si réel, si touchant. Une très belle histoire d’amour que je ne m’attendais pas à lire. Il y aurait certainement beaucoup de choses à analyser, disséquer. Mais je pense que vous trouverez des gens bien plus compétents pour le faire.

Big Barda et Mister Miracle, une leçon de vie de couple.

La recette miracle de la gaufre

Pour raconter leur histoire, King et Gerads se sont imposés une contrainte formelle qui est celle du gaufrier. En effet, à quelques rares exceptions près, les 300 pages de la BD sont composées de cases en 3×3 ce qui rappelle la structure d’une gaufre de Bruxelles. En effet, même si elle possède elle aussi une surface quadrillée, la gaufre de Liège a une forme générale circulaire qui se prête moins à la comparaison. Mais d’un point de vue de la recette, Mister Miracle se rapproche plus de la gaufre de Liège, plus généreuse, plus sucrée et plus lourde que sa consoeur bruxelloise. Car graphiquement, on en prend plein les yeux. Gerads utilise une palette de couleurs réalistes pour le monde “réel” alors qu’on a le droit à quelque chose de flashy et pop lorsqu’on bascule dans le quatrième monde. Il utilse également plein de trouvailles visuelles comme ses cases noires où est seulement écrit le funèbre “Darkseid est” qui deviennent de plus en plus présentes pour montrer la chute mentale du héros ou ses distorsions d’images qui reflètent l’état de trouble de Mister Miracle. Les planches de Gerads sont d’une richesse incroyable. Mais il n’y a pas que des effets tape à l’oeil, il y aussi un véritable talent de découpage qui permet de donner du tempo à l’histoire. Gerads fait durer les scènes intimistes, accélère lors des scènes d’actions. C’est un vrai travail d’orfèvre. Je retiendrai cet épisode d’évasion qui est un modèle du genre. L’action est claire et rythmée et l’humour omniprésent que ce soit visuellement ou par le décalage complet des dialogues avec ce qu’il se passe.

Deux mots blancs sur fond noir peuvent avoir beaucoup d’impact.

Difficile d’échapper au roi de l’évasion

Enserré dans son carcan de 9 cases par planche, Mister Miracle fait preuve d’une incroyable liberté artistique. Un coup de coeur comme je n’en avais pas eu depuis longtemps. Et si vous ne me faites pas confiance, sachez que les deux auteurs ont chacun eu un Eisner Awards dans leur catégorie respective pour cette série. Enfin, pour ceux qui aurait peur d’être largué avec l’univers de Mister Miracle. Les premières pages vous expliquent tout ce que vous avez à connaître pour ne pas être perdu. Donc, vous n’avez plus aucune excuse.

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