The Creator
- Année de sortie : 2023
- Durée : 133min
- Réalisateur : Gareth Edwards
- Acteurs principaux: John David Washington, Allison Janey, Ken Watanabe
- Pays d’origine: Corée du Sud
De quoi ça parle?
Après qu’un ChatGPT asiatique ait balancé une bombe nucléaire sur Los Angeles, la situation est un peu crispée entre les USA et la Nouvelle Asie. Notre brave héros doit aller traquer le Créateur de l’IA qui prépare une super arme énigmatique très puissante, et dont l’énigme qui l’entoure n’a d’égal que son immense puissance.
Et alors, t’as aimé?
Algoarythmique
Gareth Edwards fait partie de ces réalisateurs qui ont un vrai sens de l’image. Je ne suis pas toujours convaincu par ses histoires, mais je dois lui reconnaître de savoir créer des plans qui marquent durablement les esprits. Souvenez-vous des parachutistes qui plongent avec des traînées de fumée rouge vers un décor apocalyptique dans Godzilla ou encore ce terrifiant Vador nimbé de rouge qui décime les Rebelles dans Rogue One. Reconnaissons que le Monsieur sait mettre du soin et du cœur à l’ouvrage pour réaliser de beaux films. À une époque de blockbusters visuellement insipides, voire moches, c’est une qualité appréciable qui fait que j’étais plutôt impatient de découvrir son nouveau film de SF, basé sur un scénario original et aux premières images plus qu’alléchantes.
Si je dois retenir quelque chose de The Creator, c’est un plaisir visuel de chaque instant. En mixant culture et paysage asiatique et high-tech, Gareth Edwards nous propose un monde dans lequel on a envie de laisser vagabonder son regard. L’essentiel de l’action ne se passe d’ailleurs pas dans un environnement urbain plutôt classique à la Blade Runner, mais dans des décors tels que des rizières ou des villages de pêcheurs. Lorsque la guerre et la destruction s’invitent dans le scénario, Edwards met un point d’honneur à chercher l’image la plus forte et la plus marquante. The Creator est un des blockbusters les plus beaux que j’ai vu ces dernières années.
Hélas, je me suis assez rapidement désintéressé des mésaventures prévisibles d’un héros plutôt fade. J’avais déjà ressenti ce sentiment devant Rogue One. Cet absence d’attachement aux personnages. J’avais trouvé les deux acteurs principaux de Rogue One assez peu charismatique. Et j’ai eu le même sentiment pour John David Washington que j’avais pourtant trouvé bon dans Tenet. Peut-être que Edwards n’arrive pas à tirer le meilleur de ses acteurs? Et le scénario n’est malheureusement pas à la hauteur des ambitions esthétiques du film. Le film emprunte ou s’inspire beaucoup de ce qu’on a pu voir en SF et n’exploite pas les possibilités de son univers. C’est dommage, car par moments, on voit poindre des idées que j’aurais aimé voir développer, la cohabitation entre les IA et les humains, cette possibilité de faire revivre brièvement un mort pour exploiter ses derniers souvenirs. Le film ne s’intéresse pas non plus aux relations diplomatiques entre les deux superpuissances, se contentant de nous montrer de vilains méchants soldats américains, les dirigeants de la Nouvelle Asie étant totalement invisibles. Pas un mot non plus sur ce que ça peut être de vivre sous la menace perpétuelle d’un rayon de la mort. Ce n’était probablement pas ce qu’avait envie de raconter Edwards ou peut-être qu’il n’a tout simplement pas pu. The Creator est loin d’être un mauvais film, mais cette absence de prise de risque narrative laisse au final un certain regret quand on voit l’exigence visuelle du film.